Punctum #3

•/Punctum #3/•

Je fais le point sur le •/Move #3/•
petit texte écrit, quelques lignes, chantantes.
Quelques lignes qui ne vous apprennent rien de la scène vue, le texte est à l’image de cette photo floutée.


On le voit bien les mots, par trop génériques, ne rendent pas l’intime particularité des choses photographiées. Moment unique.
Les mots embrayent sur autre chose.

J’ouvre le vélux.
Le boulanger travaille déjà.
Un feu fume les rayons bleus de la lune.

Rythme et images de mots. Autre chose. Autre endroit. Autre sens. La poésie du code. Le jeu de la langue, la mienne? Langue n’étant pas qu’un code puisqu’elle génère, heureusement, poésie.
Plaisir.

Les mots embrayent sur autre chose.
Sur la réalité du langage même.
Les mots, en aucun cas, n’interfèrent sur la réalité du monde.
Et pourtant les mots viennent de ce moment-là.

J’aime sentir que la photo prise attrape ce qui jamais ne se reproduira, ou pour être moins mélodramatique, attrape ce qui -à cet instant-là- pouvait être attrapé.
Et le partager.

Une chose infime, intime, moi à ce moment très précis, posté, avec ma capacité à attraper ce moment, à lui donner une forme, la rendre commune, communier, avec l’extérieur, d’autres regards, être en creux, cueillir, recueillir, un écho, porté, vers d’autres.
Signe. Porte. Donné. Ouvert.

Je descends, sans vous raconter ma vie: que j’adore me lever, m’habiller illico, sortir, et me shooter de l’air frais du monde, aller prendre un café, mon bain mondain du matin.

Je viens de la grande ville, d’un quartier populaire encore, avec son marché brassant grand monde mardi, jeudi, dimanche, des halles, bistrots, l’énergie d’un lieu, courants et cascades de gens affairés.
J’adore sentir ce bouillonnement matinal, mise en branle du monde endormi dans le bleuté de la nuit.

Et déjà je pestais sur cette ruralité où tout est mort dehors, tué, relégué au privé, derrière les volets fermés.
L’espace public ne vivant plus que pour les trajets, véhiculés, du domicile aux zones commerciales.
Déjà je pestais.

Avant de voir la lumière allumé du bar, derrière l’église.

Oasis.

Un café. Un croissant. Un autre boulanger qui passe. Dépôt de pain. Des gens qui déboulent pour chercher leur quotidien, pain et presse, déposer les enfants. Se croiser. Se retrouver. Chaleur humaine. Punctum.
Vous ne savez pas à quel point ça fait du bien.