Punctum #9

•/Punctum #9/•

« Quant à ce titre de Jaccottet: « À travers un verger », ne pourrait-il laisser surpris un lecteur qui, dès les premières lignes du texte, apprend que le poète n’est que «passé devant» ce lieu ? La poésie, assurément, ouvre dans le monde d’autres passages que ceux tracés ou suivis par nos pas. »

Au premier abord j’ai aimé cette phrase dans un ouvrage universitaire sur la notion de passage dans l’oeuvre de Philippe Jaccottet par Françoise Simille. J’ai aimé…
De prime abord, puis… la poésie a bon dos, me suis-je dis.
On lui refile même nos capacités à se projeter dans l’inaccessible.

Nos regards traversent, vrilles, bras tendus, tentacules oculaires impalpables, la vision est un corps sensible caressant des yeux tout ce qu’elle rencontre, à des distances parfois mirifiques.

Poésie ou pas.

L’aspiration.
D’un ailleurs.
L’inspiration.

Poésie ou pas,
pas de côté. La poésie vient après.
Dans la chose construite d’après le puisé.
Le traversé.

Dire le traversé.

Je regarde, je vois, j’observe. J’entends, j’écoute. J’hume, je renifle. Je touche, caresse. J’avale, je déguste. La vision est la seule chose qui puisse se projeter autant. Les autres sens nous arrivent, au contact des organes. Le regard est le seul qui travaille autant à la projection, à la prospection. Le seul qui aille chercher aussi loin.
L’image s’embrouille les pinceaux dans un bourbier de réalisme.
On donne au regard jeté sur le monde, une once de matière.
Vue de l’esprit.

 

Et dans cet impalpable faisceau irisé, lancé, à la pupille amarré,
le désir du corps frappe comme un harpon l’immense baleine cosmophore
en un détail ciblé, visé, saignant la chair
du désiré.